Des rivières

Publié le par WLouve

 

Tu te disais
on ne me voit plus et je disparais
ainsi se répare d'elle-même l'erreur de ma naissance

 

Pendant quelques jours
tu avais cru revivre
Ton ventre se gonflait d'un souffle nouveau
et ces longues coulées d'amertume
que tu remontais depuis si longtemps - trop longtemps - avec ce rire sec qui t'étouffait parfois
se transmutaient en rivières lascives qui chiffonnent les pierres et penchent les herbes sur leur ciel liquide


Peut-être enfant t'es-tu assis sur une berge paisible
baigné d'une aube si belle
que tu en as pleuré de solitude
Peut-être as-tu grandi dehors
sans que l'enfant soit jamais consolé
ou bien peut-être as-tu seulement rencontré plus tard
le vide qui t'a fait hurler aux désertions

 

Dans la foule de ceux que tu as blessés
du sang de tes blessures
soudain ces yeux t'ont regardé
ont vu l'inconsolé
celui qu'il est

 

Alors
tu t'es assis sur la vieille berge
les pieds dans l'eau
sans attendre
sans espérer
parce que tout espoir est un leurre
qui détourne de vivre

 

Publié dans Les rêves de l'iguane

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article