Bonheurs
Je crois que je dormais encore. Mais était-ce bien un rêve ou avais-je glissé à mon insu dans une poche spatio-temporelle qui échappait aux lignes droites ? Les saisons avaient été redistribuées au petit bonheur. Tout à coup, j'étais dans l'instant d'un autre temps. C'était l'automne et ses vermillons méticuleusement astiqués, ses oranges brûlés et ses odeurs de vie mûre. Le vent feuilletait les arbres avec de grands gestes de coiffeur un peu impatient, bousculait les nuages qui riaient comme des bossus de ses airs de maître d'école un peu aigre et s'épivardaient de plus belle.
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La maison assoupie résiste aux assauts de la tempête. La cheminée couve ses dernières braises. Les enfants sont couchés. Je retarde le moment de me rendre au sommeil à mon tour pour goûter le plus longtemps possible ce bonheur du coeur profondément en paix.